Une noisette, un livre
Ta vie ou la mienne
Guillaume Para
La
littérature est comme un arbre (un paulownia par exemple) : un tronc dont les racines sont alimentées par
des mots, des lignes, des paragraphes. Puis, des branches de base, solides,
pour étendre tous les genres littéraires. Ensuite et jusqu’à l’infini, des
ramifications d’écrivains, d’auteurs
avec continuellement de nouvelles pousses. Parmi celles-ci, vient d’éclore « Ta
vie ou la mienne » premier roman du journaliste Guillaume Para.
Autant
le dire de suite, c’est une bonne détente, aucun risque de dévisser, tout le
roman est une succession de frappes bien cadrées.
Hamed,
devenu orphelin à l’âge de 13 ans, part de Sevran, où il est né, pour St-Cloud où
vivent sa tante et son oncle. D’une banlieue difficile à une banlieue chic, l’adolescent
s’épanouit, pratique avec enthousiasme sa passion, le football, et rencontre
François qui deviendra son ami éternel. Quelques années plus tard et avec l’espoir
de devenir joueur professionnel, il rencontre Léa, une jeune fille issue de la
haute bourgeoisie du très sélect quartier de Montretout. Mais Léa souffre d’un
mal inexplicable et lorsque qu’Hamed va le déceler, son destin va basculer. C’est
désormais la case prison qui se dresse sur sa route et non plus le gazon d’un
stade. Pourra t-il avoir un jour une relance pour Hamed ? Ou sera-t-il pour
toujours un joueur « crucifié » ?
Par
rapport au synopsis, tout pourrait porter à croire que le lecteur va se
retrouver face à un classico, pauvreté contre richesse. Mais Guillaume Porta a
l’intelligence de franchir ces sempiternels clichés en offrant une succession
de surprises, de passes ingénieuses dans un univers où la violence des faits
affronte la noblesse des sentiments, ou peut-être inversement…
Bien
qu’il ne s’agisse que d’une histoire fictive, le côté journalistique de l’auteur
frappe de multiples corners pour marquer les esprits sur l’univers carcéral et
ses tacles rugueux, voire assassins.
Un
livre à ne pas laisser sur un banc de touche et à découvrir sans tarder parce
qu’Hamed est le portrait du héros discret du XXI° siècle, celui que vous
croisez peut-être dans la rue sans le savoir. L’écriture est très rapide,
imaginative, avec sur le fond un vent de romantisme, celui de la rupture du
monde et de la raison, du sentiment contre la raison, de la sensibilité
passionnée où surgissent les âmes torturés, où la lumière rejoint la noirceur.
Un
seul regret, quand on tourne la dernière page on aurait aimé un temps
additionnel…
« On se fait à tout
quand il s’agit de survivre. »
« Le proverbe
berbère dit « l’arbre suit sa racine » mais je crois que quelles que
soient tes racines, tu es libre d’aller vers le soleil »
Ta vie ou la mienne –
Guillaume Para – Editions Anne Carrière – Février 2018
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